À quelques encablures du port, la plongée à Oran dévoile un univers méconnu, presque confidentiel. Pourtant, les fonds marins de cette côte algérienne abritent des reliefs tourmentés, des épaves oubliées et une biodiversité bien plus riche qu’on ne l’imagine. Loin des circuits habituels, les plongeurs curieux trouvent ici des sites puissants, marqués par l’histoire et la géologie.
Le courant reste discret la plupart du temps, mais les conditions changent vite. Une mer d’huile peut virer en quelques heures à un clapot nerveux. C’est ce contraste qui forge le caractère des plongées oranaises. On y plonge à la fois pour l’intensité du relief, pour la proximité de l’histoire, mais aussi pour le silence, presque intact, sous la surface.
Les meilleurs spots de plongée à Oran
Oran étire ses spots de plongée le long d’un littoral encore peu fréquenté. Les zones les plus intéressantes se trouvent à l’ouest, après Cap Falcon, mais quelques surprises attendent aussi près de la ville. Les niveaux requis varient beaucoup. Certains sites conviennent aux débutants, d’autres demandent une bonne maîtrise de la flottabilité ou de la navigation.
Les criques de Madagh – niveau débutant
Entre falaises abruptes et eaux cristallines, les criques de Madagh offrent une entrée en matière idéale. Peu profondes, elles abritent une grande variété de poissons côtiers. Saupes, sars, girelles et murènes s’y croisent entre les éboulis de roches calcaires. L’ambiance est tranquille, presque méditative. La visibilité y reste excellente, même en été, ce qui en fait un lieu parfait pour les premières bulles.
Le relief, doux et découpé, permet d’explorer sans stress. On y trouve même quelques arches naturelles à cinq ou six mètres, formées par l’érosion lente des falaises. À quelques mètres du bord, des bancs de castagnoles dessinent des nuages noirs sur fond turquoise. En fin de plongée, un palier prolongé devient presque une balade.
L’épave du San Juan – niveau intermédiaire
Ancrée à une trentaine de mètres, cette vieille coque espagnole repose à l’ouest de la ville, près de Cap Rosalcazar. Longtemps ignorée, l’épave du San Juan commence à se faire connaître des plongeurs oranais. Elle a coulé dans les années 40, probablement victime d’une mauvaise manœuvre en plein brouillard. Depuis, la mer l’a lentement colonisée.
La structure, bien que partiellement effondrée, reste lisible. La proue s’incline légèrement sur un fond sablonneux, tandis que la poupe s’ouvre comme une mâchoire rouillée. On y croise souvent des congres, tapis dans les tôles, et parfois des langoustes sous les restes de membrures. Les amateurs de photo macro trouveront sur la coque des nudibranches colorés, rares dans cette zone.
Cette plongée à Oran nécessite un peu d’expérience. La profondeur, la visibilité parfois capricieuse et la faible pénétration possible demandent un bon contrôle. Mais la récompense visuelle est là, intacte.
Le tombant de Cap Falcon – niveau confirmé
Ici, les choses deviennent sérieuses. Le tombant de Cap Falcon débute à 18 mètres et chute jusqu’à près de 50. Le mur est couvert d’algues, d’éponges encroûtantes et de gorgones rouge sombre. En descendant le long du relief, la lumière se tamise vite. Des bancs de dentis passent en formation serrée, tandis que des sérioles en chasse filent comme des éclairs.
Le courant peut être fort, surtout en fin de matinée. Mieux vaut y plonger tôt. Le site est technique. Il impose une bonne lecture du plan d’eau, une orientation précise et une consommation bien maîtrisée. Mais pour ceux qui aiment les plongées engagées, Cap Falcon offre une densité de vie rare sur cette côte.
Un mérou réside souvent au pied du tombant, immobile comme une statue, les yeux posés sur l’intrus qui descend trop vite. Parfois, en hiver, des thons passent au loin, silhouettes bleues sur fond d’encre.
Rejoindre Oran pour plonger
L’accès à Oran est simple depuis l’Europe. L’aéroport Ahmed Ben Bella, situé à une quinzaine de kilomètres du centre-ville, dessert plusieurs capitales. Des ferries relient également la ville à Marseille ou Alicante, ce qui peut être pratique pour les plongeurs voyageant avec leur matériel.
Une fois sur place, les sites sont accessibles en voiture. Quelques clubs organisent des sorties bateau, mais certains spots se font aussi depuis le bord, notamment à Madagh. Les routes sont praticables et les distances restent courtes, ce qui laisse plus de temps sous l’eau que dans les embouteillages.
Meilleure période pour la plongée à Oran
La meilleure saison pour la plongée à Oran s’étire de mai à octobre. En début d’été, la visibilité dépasse souvent 20 mètres. L’eau tourne autour de 20°C, et la mer reste calme, surtout le matin. Juillet et août voient arriver la chaleur et les vacanciers, mais la fréquentation reste loin des spots méditerranéens plus connus.
En automne, la mer garde sa chaleur mais la lumière baisse. La faune devient plus nerveuse, plus dense aussi. C’est à cette période qu’on observe parfois des bancs de barracudas, en chasse au-dessus des tombants.
L’hiver est plus rude. Peu de clubs restent ouverts et la mer peut devenir imprévisible. Mais quelques passionnés continuent de plonger, attirés par les grandes solitudes sous-marines.
Ambiance locale et accueil des plongeurs
Oran ne vibre pas encore comme une capitale de la plongée. Et c’est tant mieux. Ici, tout reste à taille humaine. Les clubs accueillent les plongeurs avec simplicité, sans marketing, mais avec passion. L’ambiance dans les palanquées est détendue. On discute de profils, de profondeurs, de spots oubliés. Le soir, les récits se prolongent autour d’un thé à la menthe, dans un petit resto du port.
Le club Oran Plongée Aventure, basé à Aïn El Turck, reste l’un des plus sérieux. Il propose des sorties régulières vers les meilleurs spots, avec du matériel bien entretenu. L’équipe connaît chaque recoin de la côte, chaque changement de courant. Les briefings sont précis, sans être pesants. Et surtout, la bonne humeur reste constante, même quand la mer se lève.
Pour loger, l’hôtel Le Méridien Oran offre une vue imprenable sur la baie. Apprécié des plongeurs, il combine confort, bon accueil et proximité des clubs. Ses chambres spacieuses permettent de faire sécher le matériel sans difficulté, et le petit-déjeuner, généreux, est un vrai plus après une plongée matinale. L’accès direct à la corniche facilite aussi les déplacements vers les spots ou les clubs.